Le site a connu des difficultés réglementaires. Où en est-on aujourd’hui ?
Ludovic TONNEVY : Il est vrai que l’usine Saipol de Grand-Couronne a fait l’objet d’interpellations de la part des autorités. Cela a été pris très au sérieux et concernait des points de non-conformité : pour la plupart, il s’agissait d’écarts déjà identifiés et en cours de correction, d’améliorations administratives à apporter, mais aussi de difficultés rencontrées lors du démarrage de nouvelles installations. Cette mise en lumière par les autorités n’est jamais agréable, et c’est aussi une opportunité de progresser.
Concrètement, que produit l’usine Saipol de Grand-Couronne ?
L. T. : Notre cœur d’activité, c’est la transformation du végétal. Nous transformons uniquement du colza, en privilégiant l’origine française, que nous complétons avec des importations selon les disponibilités des graines et les besoins de nos clients. Ces graines sont valorisées à travers plusieurs débouchés : des huiles végétales pour l’alimentation humaine, des tourteaux riches en protéines pour l’alimentation animale, et des énergies renouvelables pour la décarbonation des transports. Pour en savoir plus : Que fait-on avec le colza ?
Ludovic TONNEVY
Directeur de l’usine de Grand-Couronne de Saipol
Notre savoir-faire industriel repose sur des procédés maîtrisés, une traçabilité rigoureuse, et un engagement fort des équipes pour la durabilité. Elles sont fières de contribuer à une filière agro-industrielle qui crée de la valeur pour les agriculteurs, pour le territoire, et pour les transitions énergétique et alimentaire de nos clients. C’est aussi ce qui donne du sens à nos investissements : ils ne servent pas seulement à répondre à des obligations, mais à construire une industrie plus responsable.
Quels investissements ont été réalisés sur l'usine Saipol de Grand-Couronne ?
L. T. : Sur les 5 dernières années, de nombreux investissements ont été menés sur le site. Ils ont porté sur l’amélioration de notre empreinte énergétique et environnementale, la réduction des nuisances, et l’amélioration continue de la sécurité de nos procédés. La liste est longue et cela a par exemple concerné l’installation d’une turbine pour la production d’énergie à partir de la vapeur excédentaire non consommée, la réalisation d’études acoustiques et olfactives et les investissements pour la réduction du bruit et la captation des émissions atmosphériques, la rénovation de nos stations de traitement des eaux et de nos dispositifs de traitement des eaux pluviales, l’optimisation des chaudières hautes et basse pression, la rénovation complète de la protection incendie du bâtiment principal de trituration, ou encore des investissements en lien avec l’amélioration continue de la sécurité de notre programme WeCareAssets. Au total, cela représente un effort financier conséquent de plus de 55 M€, dont 60 % concernent l’entretien du site et les enjeux environnementaux, territoriaux et réglementaire.
Ces travaux sont-ils terminés ?
L. T. : Une grande partie des travaux est déjà réalisée. D’autres sont en cours ou programmés dans les prochains mois. Par exemple, la mise à niveau de notre seconde station d’épuration est prévue pour novembre. L’objectif est un retour complet à la conformité au premier trimestre 2026. Nous observons déjà une amélioration nette des indicateurs, ce qui montre que les installations se stabilisent. Ce sont des chantiers d’importance qui prennent du temps à être réalisés, depuis la détection du besoin, l’étude et le chiffrage, et jusqu’à la mise en œuvre effective. Sur un site comme le nôtre, qui tourne toute l’année, les plus gros investissements sont en général programmés d’une année sur l’autre et réalisés lors des arrêts techniques. Et à cela s’ajoute des travaux de maintenance et d’amélioration de nos installations au quotidien : c’est le travail de nos équipes d’intégrer ces projets dans la vie de l’usine avec beaucoup d’agilité.
D’ailleurs, comment les équipes vivent-elles cette transformation ?
L. T. : Les équipes relèvent ces challenges avec beaucoup de professionnalisme. Ce sont elles qui portent le changement au quotidien. Elles ont été formées, impliquées dans les diagnostics, et accompagnées dans la mise en œuvre des solutions. Je salue leur engagement, c’est grâce à elles que nous priorisons les chantiers et que nous avançons.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux riverains et aux parties prenantes locales ?
L. T. : Nous ne cherchons pas à minimiser les difficultés passées. Elles ont été réelles et sont riches d’enseignements. Au nom des équipes, je souhaite témoigner à quel point nous sommes engagés pour revenir rapidement à un niveau de conformité réglementaire, avec sérieux et en transparence. L’industrie évolue, et nous évoluons avec elle, en investissant pour une production plus sûre, plus responsable, et plus durable. C’est d’ailleurs aussi un secteur qui offre de belles perspectives de carrières pour les jeunes, avec la particularité chez Saipol de valoriser du végétal. Nous sommes attachés à notre territoire, à nos partenaires agricoles, à la préservation de notre environnement et à la satisfaction de nos clients. Ce chantier est exigeant, mais il est porteur de sens.
