origine des graines

Jongler sur l’origine des graines de colza et tournesol, inévitable pour sécuriser la production d’huile et de tourteaux

Article rédigé le 8 août 2022

Ce n’est pas une contradiction mais un exercice d’agilité auquel se livre l’équipe de Benjamin Jasserand, responsable commercial de l'activité trituration chez Saipol. Pour triturer en priorité les graines de colza et de tournesol françaises, il faut d’abord acheter celles cultivées hors le territoire !

Pourquoi importer des graines de colza ou de tournesol alors que les agriculteurs cultivent ces oléagineux ? Une compétition s’installe-t-elle avec les graines produites localement ? Benjamin Jasserand, responsable commercial chez Saipol l’assure : « Nous devons sécuriser nos approvisionnements via des achats hors nos frontières, toutefois, la priorité sera toujours donnée à nos graines françaises. Filiale du groupe Avril, nous ne concevons pas de refuser une seule graine cultivée sur l’hexagone ! C’est une question de bon sens et de coopération ». Pour preuve, les quinze derniers jours de juin, avec une récolte de graines annoncée à la hausse, trois bateaux de graines ont été revendus sur le marché à termes, soit 140 000 tonnes de graines de colza d’importation remplacées par des graines françaises mises en marché pour les mêmes périodes.

Anticiper les accidents de récoltes de colza et tournesol

L’objectif des équipes de trading Saipol est de sécuriser la marge de Saipol au jour le jour, pour satisfaire la demande des clients et permettre les investissements nécessaires à l’activité. Elles agissent ainsi sur plusieurs tableaux pour poser des options sur les graines avec une bonne rentabilité, et prévenir un éventuel problème de récolte ou tout autre évènement quel que soit le pays producteur. « Une telle agilité nécessite de se positionner plus d’un an à l’avance auprès des différents grands exportateurs mondiaux, explique Benjamin Jasserand. Je peux alors prendre la décision de revendre les cargaisons de graines sur le Matif jusqu’à un mois avant la trituration si une livraison française est possible. » Contrairement aux opérateurs internationaux, les intermédiaires et les producteurs français commercialisent leurs lots avec de courtes échéances. Une telle stratégie ne coïncide pas avec celle de nos clients huiles, protéines ou énergies bouclant un carnet de commande à 18 mois. L’optimisation se joue principalement entre les origines Australie, Canada, Mer Noire et selon la catégorie de graines. « Au Canada, j’ai un fournisseur qui source des graines de canola avec une forte réduction de GES. Je les réserve pour compléter des graines françaises afin d’approvisionner le marché de l’énergie pour nos clients en France et en Europe », illustre-t-il.

Toutes les graines de colza et tournesol cultivées en France NE sont PAS triturées localement

La France produit en moyenne par an 4,1 Mt de graines de colza et 1,5 Mt de graines de tournesol pour une capacité de trituration respective de 4,5 Mt et 1,9 Mt, tous transformateurs confondus. Par ailleurs, une part des graines françaises est exportée vers nos voisins européens.

Mathématiquement, le « cultivé en France » ne suffit donc pas à faire fonctionner, en continu, 24h/24, nos cinq usines de trituration de Saipol. « L’arrêt d’une ligne de fabrication faute de matières premières est inconcevable compte tenu de nos plannings serrés », souligne Benjamin Jasserand. « C’est d’ailleurs un sujet que nous souhaitons aborder avec les organismes collecteurs. Nous sommes à l’écoute des propositions afin que chaque lot de graines produit en France soit expédié vers nos usines plutôt qu’à l’exportation. C’est plus cohérent et porteur de sens pour nos équipes. »

En 2021, 53 % du colza transformé par Saipol provenait des champs français, 47 % d’importation. En 2022, la part du colza local devrait être supérieure compte tenu des bons résultats de la récolte française de colza annoncé à 4,3 Mt et de celle estimée en tournesol, autour de 1,9 Mt, si aucun accident climatique n’intervient d’ici à la récolte en septembre.

Cet approvisionnement en graines d’importation permet par ailleurs de fournir nos clients à l’export.

« Nous devons sécuriser nos approvisionnements via des achats hors nos frontières, toutefois, la priorité sera toujours donnée à nos graines françaises.  Filiale du groupe Avril, nous ne concevons pas de refuser une seule graine cultivée sur l’hexagone ! C’est une question de bon sens et de coopération. »
Benjamin Jasserand, responsable commercial de l'activité trituration chez Saipol

D'où vient le colza transformé par Saipol ?